Chronique | Quand utopie et techniques opérationnelles se côtoient

Un débat prospectif digne de ce nom s’alimente alternativement de substances théoriques, pratiques et utopiques. Nous présentons aujourd’hui un fragment du texte manifeste accompagnant le projet de ville bio-numérique présenté au concours D3 Natural System’. L’objectif de cette compétition internationale était de proposer des dispositifs architecturaux, territoriaux ou urbains conçus à l’articulation entre la nature et l’artificiel.

article publié dans Le Courrier de l’Architecte (05-10-2011) : http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_2250

La ‘Robotic-garden City’ à très haute densité
Les activités urbaines sont optimisées en temps réel afin de réduire les incidences néfastes de la ville sur les milieux. L’informatique et la robotique équipent tous les véhicules et les robots. Des capteurs les connectent entre eux. La vie urbaine est rendue plus facile et moins nocive pour la planète. Les robots effectuent les recyclages rapides de l’eau et des déchets. Les composts urbains sont produits dans les sous-sols et alimentent l’agriculture urbaine. Les zones d’agriculture urbaine sont imbriquées dans le tissu urbain.

Les véhicules ‘4 x 4 WD passe-partout’
Ces véhicules sont automatiques et en libre-service. Ils sont complémentaires des métros, trains urbains ou bus. Ces véhicules sont des transports individuels, livreurs automatiques de colis, véhicules horticoles, ascenseurs, camions-poubelles, monte-charges, transporteurs de marchandise, porte-robots. Ils travaillent en groupe pour le transport collectif. Ils sont opérationnels dans toutes les zones : agriculture urbaine, habitation, maraîchage familial, commerce, station de transport collectif. Ils montent à l’intérieur des immeubles, par les ascenseurs habituels, par des couloirs verticaux, par les façades. Ces véhicules peuvent également accéder aux toitures.

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Les immeubles bio-numériques
Ils laissent tout autour d’eux des rues étroites pour les véhicules légers et les piétons. La densité des constructions est importante.

Les cours centrales des îlots sont couvertes par des toiles multi-couches amovibles, transparentes, isolantes en hiver et par des ombrières en été.

Les immeubles sont couverts d’une pergola et de capteurs d’énergie (éoliennes, panneaux solaires).

Les pergolas abritent des nichoirs pour les oiseaux, les mammifères ou les insectes qui constituent la biodiversité urbaine. Sous les pergolas, des cultures, des bassins d’épuration de l’eau et des piscicultures sont installées.

Les robots cultivent les toitures.

Les façades robotisées
Les façades intelligentes assurent automatiquement l’aération, l’ouverture, la ventilation mécanique, la purification de l’air, le captage calorifique, l’ensoleillement.

Les ‘façades cultivées’ des immeubles
Les façades des bâtiments sont cultivées, grâce aux composts et à l’eau propre produits par la cellule. Les robots entretiennent les bacs, détruisent mécaniquement les insectes, arrosent et cueillent fruits et fleurs.

Les sous-sols
Les immeubles de la ville bio-numérique sont situés au-dessus de plusieurs niveaux de sous-sol. L’un des niveaux est totalement libre de toute occupation à l’exception des descentes de charge des immeubles. Il permet à tous les véhicules de sécurité (incendie, santé) d’intervenir à très grande vitesse, en évitant tous les obstacles imprévus rencontrés habituellement dans les trajets urbains. En particulier, les véhicules hôpitaux peuvent être acheminés vers les lieux où des personnes sont à soigner dans l’urgence avec du matériel sophistiqué.

Les sous-sols font office de zone artisanale. Une partie des fabrications est effectuée en sous-sol. Elle est pilotée depuis un lieu géographique lointain. L’objet est fabriqué instantanément à proximité de son lieu de destination. La livraison s’effectue aussitôt soit à domicile, soit au magasin. Les matières premières sont stockées en sous-sol. Par exemple, un pantalon est mis en fabrication à partir des mensurations du client ; elles sont transmises par Internet. L’entreprise utilise ses machines de coupe et de couture situées dans les sous-sols. La fabrication s’effectue en temps réel, toujours à proximité du lieu d’habitation de l’acheteur.

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La cellule d’habitation
La cellule est entièrement autonome et recycle ses propres déchets, grâce à des robots, dans un local situé sous chaque cellule. Cette cavité comprend tous les équipements mécaniques, biologiques, informatiques permettant les recyclages. La cellule produit du compost, des algues et plantes, de l’eau propre, de l’énergie (gaz, chaleur, électricité), des lombrics pour l’horticulture. Tous les ordinateurs domestiques sont reliés entre eux et travaillent à l’auto-organisation des recyclages urbains. La matière, l’eau et l’énergie sont réparties suivant des circuits optimisés. La cellule est un lieu à haute adaptation et peut se transformer en : habitat, bureau, hôtel, atelier, salle des fêtes, stockage, salle de sport, infirmerie, salle de cours, salle d’opération à distance. Sur la façade des cellules, des abris à animaux et insectes sont installés et surveillés par des robots-écologiques.

La robotique urbaine, immobilière et domestique
Une grande partie des recyclages en circuit court est assurée par des robots de petites dimensions. Chaque robot possède plusieurs outils adaptables qui lui permettent d’effectuer de nombreuses tâches. Il travaille nuit et jour. Il est déplacé d’un point de la ville à un autre par les véhicules ‘4 x 4 WD passe-partout’. Les robots agricoles travaillent soit dans les façades agricoles soit sur la toiture des immeubles soit dans les zones agricoles, horticoles ou écologiques situées entre les bandes urbaines. Sauf en cas d’urgence, les robots travaillent très lentement afin d’économiser au maximum l’énergie.

Les espaces agricoles et écologiques
Les espaces agricoles urbains serpentent entre des lanières urbaines. Les potagers produisent pour les immeubles voisins. L’agriculture bio-numérique et l’utilisation d’outils robotiques permettent une production biologique, non polluante pour l’environnement. Les robots assurent la préparation des sols, l’épandage de compost, le fauchage, le labourage superficiel, les semis et transplantations, les désherbages mécaniques, le binage, l’arrosage, la taille, la cueillette, le transport, la lutte biologique contre les parasites.

Claire Bailly et Jean Magerand

Mandataires : Claire Bailly et Jean Magerand
Membres de l’équipe : Sarah Bamba (France), Muriel Akoman (France), Hervé Dogbo (Côte d’Ivoire), Mina Lee (Chine)
Membres associés : Romaric Fillette ( France), Cédric Blemand (France), Elodie Godot (France), Alaa Tellat (Maroc), Gérald Malbourough (France)
Avec l’assistance de : Velmourougane Chandrasegar (France), Aurélio Catani (France)